LETTRE DE BALTHAZAR (14)
de Porto de Sal Rei sur Boa Vista à Porto de Praia
sur Santiago (archipel du Cap Vert)
du Mercredi 16 Juin 2010 au 19 juin 2010
En approchant du Cap Vert nous sommes accueillis par des paille-en-queue (Phaéton aethereus), de superbes « planeurs » plutôt solitaires.
L'archipel du Cap Vert est situé à un peu plus de 800 M au sud-ouest des Canaries et à quelque 325 M de l'Afrique de l'Ouest. Dix grandes îles et quatre plus petites formant un fer à cheval ouvert à l'Ouest constituent ses 4033 km². Il s'agit, dans le sens des aiguilles d'une montre, de Santo Antao (que quelques uns d'entre nous ont visité en 2004 lors de la traversée sur « Marines »), Sao Vicente (avec la ville de Mindelo également visité en 2004 et 2008), Santa Luzia, Ilhéus Branco et Raso, Sao Nicolau, Sal et Boavista qui forment les îles Barlavento (au vent), et Maio, Santiago, Fogo, Brava et les Ilhéus Grande et Secos de Rombo, qui forment les îles Sotavento (sous le vent). Elles sont toutes d'origine volcanique et la plupart sont montagneuses, avec plusieurs cratères classiques. Le seul volcan encore en activité est sur Fogo (avec la dernière éruption en 1995/1996).
En raison de la difficulté que présente une approche de nuit sur Boa Vista qui était notre but initial, le capitaine a décidé d'aller vers la Baia de Palmeira (16 deg 45,3N – 22 deg 59,0W) sur la côte ouest de l'île de Sal qui offre l'avantage d'une approche plutôt facile de nuit.
A ce point il faut se rappeler l'oubli de la cartographie relaté dans la dernière lettre. Cet oubli est plutôt surprenant lorsqu'on connait la rigueur qui anime la personne qui est à son origine.
Toute la navigation et les approches qui vont suivre jusqu'à l'approche finale de Porto da Praia sont donc basés sur un descriptif sommaire d'un guide (Ed. 2000), les quelques « croquis » des détails qui y figurent avec la mention « basés sur des cartes erronées », le radar, les relèvements, les alignements et l'observation par 5 paires d'yeux qui essaient de percer la nuit qui s'installe à partir de 19h30.
Revenons donc au mouillage dans la baie de Palmeira où nous sommes à 20 heures à l'ancre. De joie de voir se terminer un long trajet au largue, relativement inconfortable, nous nous offrons une ration de pieds/paquets de fabrication artisanale. Comme le dit le capitaine: « c'est un bateau qui se tient »! La ration de poire offerte par le capitaine à la fin était certainement également destinée à faire oublier « un certain oubli »!
Le 15 juin, au réveil, nous savourons - d'un côté la vue sur de merveilleux réservoirs de pétrole, de l'autre côté la vue sur le chantier de prolongement de la digue, puis au milieu le spectacle de la carcasse d'un chalutier coulé que visiblement personne n'a l'intention d'enlever. Un chalutier prépare sa sortie au son de son moteur Diesel dont on devine l'age au niveau sonore après qu'une grue et une vingtaine de personnes a chargé un filet à son bord. Par contraste, nous remarquons plus au sud des constructions neuves derrière une belle plage de sable clair. Les investissements dans le tourisme commencent à se voir.
Il s'agit bien sûr d'un tourisme APBD (avion, plage, bouffe, dodo) car sur le plan paysage il n'y a rien a voir, à moins que vous aimez un paysage lunaire.
Etant donné qu'en dehors de l'aéroport International et dès bâtisses touristiques il n'existe point l'intérêt d'une visite, nous décidons à 10 heures de lever l'ancre pour explorer la Baie da Mordeira (16°41,6N-22°58,0W) que nous rejoignons vers midi.
Pour la première fois depuis le départ de ce périple nous nous baignons dans une eau limpide à 23°C devant une plage de sable clair.
Après un rapide calcul de la durée du trajet et une estimation d'un coucher de soleil à 20h (en réalité ici le soleil est couché à 19h30) nous levons l'ancre à 14 heures afin de rejoindre le mouillage de Porto de Sal Rei sur Boavista qui se situe à environ 35M au sud mais pour laquelle figure dans notre guide la mention: « l'approche ne se fait que de jour ». Bon, rappelez vous les cartes manquantes!!
Après une opération d'approche délicate (on soupçonne le capitaine d'aimer ce genre de piment), contournant un îlot pas éclairé, ce qui n'est pas rare car dans cette région où il y a peu de feux de signalisation (s'il y en a) et avançant lentement, avec relèvements et vigie à la proue nous mouillons l'ancre à 19h30 dans la pénombre. A cette occasion il faut mentionner l'oubli de votre narrateur d'éteindre son téléphone. Donc en pleine concentration entre relevées et alignements, le téléphone sonne.....Le reste, je vous le laisse deviner. Donc, pour la procédure – n'oubliez pas d 'éteindre vos téléphones lorsque vous êtes en navigation sur Balthazar!!!
A 20 heures nous sommes à table derrière une superbe omelette avec ratatouille préparée par »Mimiche » qui d'ailleurs nous gâte par des menus, destinés à nous garder en « formes ». D'ailleurs, il ne faut oublier que nous apprécions également une bonne bouteille de vin et la cave de Balthazar en est bien dotée. Ainsi ce soir nous découvrons le « Baron de l'Estac » qui remplace avantageusement le « Principe de Viana »(13,5 deg) , acheté à Bayona et que nous offrirons à nos ennemis.
Au réveil, le 16 juin, nous nous apercevons que nous avons mouillés à 100m d'un haut-fond rocheux. La vigie avait vue juste.
Des pécheurs en T-shirts déchirés passent dans un rafiot qui contiendrait chez nous 2 à 3 personnes. Ici il sont 9 à bord, dont un chargé d'écoper en permanence, ce qui indique l'état du rafiot. On remarque partout la pauvreté portée avec dignité.
Mais ces îles n'auraient pas toujours été pauvres.
Comme la majorité des îles de l'Atlantique découvertes par les flottes du Prince Henri le Navigateur, l'existence des îles du Cap Vert était connu avant l'arrivée des premiers Portugais au milieu du IVème siècle. On a des raisons de penser que les Romains et les Carthaginois les connaissaient et il est probable que des marins arabes y aient débarqué dès le XIIème siècle. La date de leur découverte se situerait entre 1451 et 1460 et elles ont sans doute été reconnues et explorés peu à peu, comme les Azores. Probablement d'après le Cap Vert africain, elles s'appelaient el ras elkhader – le toit vert – chez les Arabes. Elles étaient inhabités lorsque Diego Gomes et Antonio da Nola découvrirent les îles qu'ils nommèrent Ilha do Maio et Ilha de Sao Tiago (actuellement Santiago), les premières à recevoir des colons en 1462.
On a peu d'informations sur les îles au cours du siècle suivant, si ce n'est que Ribeira Grande, la capitale d'alors était en 1541 assez prospère pour attirer les pirates, qui l'attaquèrent. La ville subissait plusieurs changement de propriétaires par suite de l'invasion du Portugal par l'Espagne sous Philippe II, avec ensuite la réplique des forces du Prieur de Crato, prétendant au trône du Portugal. La ville ne fut pas non plus épargnée par les corsaires anglais et hollandais, ennemis traditionnels de l'Espagne. Elle fut mise à sac en 1585 par Sir Francis Drake, en 1592 une flotte hollandaise lança une attaque qui connut moins de succès et lors de sa visite l'année suivante, Sir Richard Hawkins déclarait: « c'est sagesse d'en fuir le spectacle ». Après une dernière attaque de Ribeira Grande en 1712, cette fois par les français, le site fut abandonné pour une colline plus facile à défendre, sur laquelle fut bâtie Cidade de Praia. Ribeira Grande s'appelle maintenant Cidade Velho (vieille cité) et n'est plus qu'un village.
L'archipel servit de base aux marchands portugais pour commercer avec l'Afrique et aussi pour y déporter de nombreux esclaves destinés à travailler dans les plantations de cannes à sucre où être revendus ailleurs. Même avec cette main d'oeuvre gratuite, l'agriculture ne connut jamais plus qu'un succès marginal et lorsque Charles Darwin fit escale à bord du Beagle en janvier 1832, il remarqua « le singulier aspect de cette terre tout à fait stérile ». Cela ne fut pourtant pas toujours le cas car jusqu'au milieu du XVIIe siècle, les précipitations étaient régulières quoique limitées. Mais en 1747, sévit la première d'une série de sécheresses, sans doute accrue par l'abattage des arbres pour l'agriculture et la multiplication des chèvres. Comme le soulignait Darwin, « Lorsque les îles furent découvertes, les alentours immédiats de Porto Praia étaient couverts d'arbres. Leur destruction imprudente a entraîné ici, comme à Sainte Hélène et sur certaines des îles Canaries, une stérilité presque totale. » Il nota également « la fine poussière impalpable qui...se déposent une telle quantité qu'elle salit tout à bord et fait mal aux yeux. Des bateaux se sont même échoués sur le rivage à cause de cette obscurité ». (Actuellement, la visibilité peut être considérablement réduite par une brume de poussière apportée d'Afrique par un vent sec et chaud, l'harmattan) Les sécheresses répétées des deux siècles suivants ont tués plus de 100 000 personnes sur l'archipel, sans qu'il ne reçoive la moindre assistance du Portugal - où d'ailleurs.
Pendant plusieurs siècles, les îles, associés à la Guinée Portugaise (actuellement Guinée-Bissau), furent administrées en tant que colonie depuis le Portugal continental, situation qui ne s'est achevé qu'en 1878. Après la séparation, le Cap Vert demeura une colonie jusqu'en 1951, date à laquelle il revint une province où territoire d'outre-mer. Leur désir d'indépendance en compagnie de la Guinée-Bissau fut tel que le gouvernement portugais mis en place après la révolution des oeillets en 1974 accorda l'indépendance à la Guinée. Le Cap Vert choisir de garder une identité distincte pour finalement accéder à l'indépendance le 5 juillet 1975 sous le nom de République du Cap Vert.
Vers 10h30 nous appareillons après avoir renoncé à aller à terre. Par rapport à Sal, l'île de Boavista est tout de même remarquable par ses dunes de sable géantes et ses milliers de palmiers dattiers de telle façon qu'elle a été décrite avec justesse comme « un petit morceau de Sahara à la dérive dans l'Océan Atlantique ». Par un temps superbe, nous laissons ses kilomètres de plages de sable blanc, et ses installations hôtelières qui ressemblent à des villages du désert nord-africain et nous éloignons à la recherche des fonds de plus de 200m vers la longitude 23°20'W avant de piquer plein sud, pour éviter la basse de Joao Valente.
Sous un ciel étoilé et poussé par un bon vent par mer agitée nous tirons des bords au largue entre Santigo et Maio que nous apercevons vers 17 heures. Cette allure n'étant pas de tout repos avec le pilote Furuno qui réagit relativement lentement ce qui nécessite une surveillance accrue de tout instant pour corriger, le capitaine met en route le pilote électrique« Raymarine » qui est plus réactif au détriment d'une consommation d'énergie accrue.
Toutefois, dans la nuit, ce pilote est l'objet de nombreux décrochages intempestives qui nous obligent de mettre en « stand by » et de reprendre la barre en manuel. Finalement, ce n'est pas si mal de barrer ce merveilleux bateau à la main. Pour un moment, je retrouve le « feeling » de la voile.
Après une approche prudente de la baie de Praia, avec de relèvements de vérification et le l'aide du radar, nous nous faufilons entre quelques cargos à l'ancre et mouillons l'ancre à 5h30 du matin du 17 juin près du Cais Novo.
Nous constatons encore une fois qu'il faut se méfier de la précision du GPS seul, car nous constatons une erreur d'environ 1/3 de mille de la position du « waypoint » du Cais Novo.
Nous avons réalisé les 117 M qui séparent Porto de Sal Rei sur Boavista et Porto da Praia sur Santiago en 19 heures, c.à.d. À une moyenne de 6,2 kn.
Après un petit repos nous nous apprêtons à sortir l'annexe pour aller à terre lorsque nous recevons la visite d'un Capverdien appelé « Tanaka » qui nous propose son service de « taxi » maritime et tout autre service. Nous acceptons avec plaisir et lui confions, pour commencer notre linge que nous évitons de laver dans notre machine, grande consommatrice d'eau.
D'ailleurs, en ce qui concerne l'eau douce, ne voulant pas faire le plein ici, nous nous considérons dorénavant indépendants avec l'aide du désalinisateur. Nous l'avions déjà fait fonctionner en route et produit environ 200 ltr d'eau douce. J.P. Et Mimiche prétendent que cette eau aurait un goût qui ne leur convient pas rajoutent du Whisky (J.P.) où bien du jus de citron (Mimiche). Curieuse façon de boire le Whisky ainsi!
A 14 heures nous accueillons notre nouveau co-équipier Michel Glavany à bord. Il apporte des nouvelles de la France et du « Mondial de foot ». La France battue.... (dommage), des patchs contre le mal de mer et des relais pour le groupe électrogène.
Dans l'après-midi, avec l'aide de Tanaka, une partie de l'équipage se rend à terre pour visiter la ville et faire des courses.
Je reste à bord avec Michel et observe le spectacle qui nous entoure. Nous nous trouvons au fond de cette baie de Praia à l'endroit d'un mouillage recommandé par le guide. Or, l'inconvénient (acceptable) de cet endroit est un « fetch » de 800 m sorte de mascaret qui soulève le bateau à intervalles irréguliers et lorsque celui-ci se trouve en travers le bouscule sévèrement.
Sur notre droite se trouve un petit port avec un cargo rouillé sur lequel s'affairent une dizaine de personnes à décharger marchandises en vrac et charger containeurs et voitures à l'aide d'une grue. Sur le quai se trouve une cinquantaine de personnes à « aider » à poser les containeurs qui se balancent au dessus de leur têtes, soit à se précipiter sur les caisses et sacs pour les charger sur des camions. Aucune législation de travail n'accepterait cela chez nous.
Devant nous une route, derrière laquelle s'élève une falaise. Curieusement on voit la carcasse d'un petit chalutier en bois de l'autre côté de cette route qui se trouve tout de même 5-7 m au dessus du niveau de la mer. Est-ce qu'il y aurait eu un mascaret géant qui l'ait déposé à cet endroit? En haut des maisons construites avec des parpaings visiblement « faits maison »et laissés dans cette couleur. En bas de la falaise, un peu plus au fond de la baie, je vois la carcasse d'un chalutier qui a visiblement été drossé sur la plage de cailloux qui s'y trouvent et sur lesquels se brisent les vagues de ce mascaret dans un spectacle permanent.
Sur notre gauche une longue plage de sable et au dessus le « plateau » emplacement de la vieille ville avec quelques bâtiments officiels et la place principale, la Praça Amilcar Cabral. Derrière nous la petite île de Santa Maria d'une dizaine de mètres de haut sur laquelle se trouvent quelques ruines. Puis, devant cette île, un cargo rouillé qui est balancé par le mascaret.
Le soir, nous cherchons un restaurant avec musique Capverdienne mais n'en trouvons pas. Finalement, dans un quartier nouveau de Praia (Prainha) avec des villas de toute beauté nous échouons dans un bon restaurant (« Pensao Bonfica ») ou nous dégustons un demi poulet grillé avec un vin Capverdien de l'île de Fogo (l'île avec le seul volcan en activité). Comme dit J.P.à juste titre : « il a un goût minéral »!
A 23 heures nous sommes de retour à bord.
Le Vendredi 18 juin, vers 10h30 les équipiers partent visiter l'île qui est la première à être habitée de manière permanente. L’île est en grande partie montagneuse et son point culminant est le « Pico da Antonia » à 1 392 m Elle est largement cultivée, les principales cultures étant le mais, la canne à sucre et les arbres fruitiers. Je reste seul à bord pour écrire ce que vous lisez!
En début d'après-midi, Tanaka passe me voir et me raconte qu'il veut envoyer de l'argent à sa famille qui se trouve en Guinée-Bissau. J'avais prévu cette situation et je lui donne des crayons couleurs, des T-shirts pour ses enfants et un billet qui devrait les rendre heureux.
Je repense à la pauvreté que l'on voit partout (sauf dans certains quartiers). Ainsi actuellement, l'aide étrangère est de très loin la première source de revenus. Une grande partie est en nature, que ce soit sous forme de produits de première nécessité comme la farine, d'une aide en matière d'éducation (beaucoup de jeunes Capverdiens étudient au Portugal, au Brésil, à Cuba où en Egypte), où d'une assistance sur des projets technologiques tels que la construction de nouveaux ports et aéroports. Il y a un projet de l'UE établissant un parrainage entre un pays et une île en particulier, comme le Luxembourg qui, entre autres, aide à la construction d'un nouvel hôpital au nord de San Antao, l'Allemagne, qui est en grande partie responsable du nouvel aéroport de l'Ilha Brava et qui aide également sa voisine, l'Ilha doi Fogo, la France et l'Italie aident Sao Nicolau etc...
Je sais depuis mon dernier passage que les nombreux émigrants Capverdiens, temporaires où permanents, qui aident leur familles restées sur l'archipel, constituent également une source importante de devises étrangères. On estime que plus de Capverdiens vivent à l'étranger que sur l'archipel à l'heure actuelle, soit environ 420 000 contre 400 000 dont plus de 200 000 aux Etats Unis, 40 000 au Portugal, 25 000 au Sénégal ainsi qu'en Angola. L'Italie, la France et la Hollande hébergent également d'importantes communautés capverdiennes.
Le côté positif de l'esprit d'entreprise Capverdien est que l'archipel est en tête des pays de l'Afrique de l'Ouest dans le classement des Nations Unies en matière de qualité de vie et d'éducation.
N'oublions pas la culture par leur musique. L'équipe de Balthazar a toujours apprécié la musique capverdienne, dont la fameuse « chanteuse aux pieds nus » Cesaria Evora!!
Pour notre départ demain, le capitaine a reçu de bonnes prévision météorologiques.
Espérons que ces prévisions ne sont pas comme celles de l'économiste que l'on peut définir par: « Un professionnel qui vous dira demain, pourquoi ce qu'il a prédit hier n'est pas arrivé aujourd'hui! »
Nous pensons ces jours-ci à Catherine, l'épouse d'André, qui nous a quittée il y a 2 ans.
Rédigé par Eckard
Expédié de Porto de Praia (14°54,6N–23°30,2W), Cap Vert le 19 juin 2010
aux équipier(e)s, parents et ami(e)s qui ont la gentillesse de s’intéresser à nos aventures marines.
Equipage de Balthazar: Jean-Pierre d’Allest, Eckard Weinrich, Michèle Durand, Jean-Pierre Merle, André Van Gaver, Michel Glavany.